Abandon


( Déjà un problème de santé en 1959 m’avait appris un peu cet abandon à Dieu : chaque après-midi, durant les vacances d’été, je devais rester allongé pour une sieste : et cela me coûtait.)

C’est un mot inspiré par la prière que Charles de Foucauld a mis sur les lèvres de Jésus en Croix que les membres de sa famille spirituelle aiment reprendre chaque soir : « Mon Père, je m’abandonne à toi. »

Rien à voir avec une désertion, un abandon de poste.
C’est plutôt une disponibilité confiante. Il y a un passage  de Vatican II sur la "Vie et le ministère des prêtres" (P.O. n° 15) que vous avez dans le livret édité par les évêques de l’Ouest, à la date du 14 mars, qui traduit bien cette attitude de disponibilité à la suite du Christ. Pour ma part, chaque matin, en me levant, je trace sur moi le signe de la croix en reprenant les mots du psaume mis sur les lèvres du Christ par la lettre aux Hébreux : « Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. »
J’ai déjà dit combien le fait de se rendre disponible au Seigneur dans la prière était un apprentissage d’une disponibilité aux autres, particulièrement quand c’est le mauvais moment pour nous. J’essaie d’avoir cet état d’esprit. C’est une espèce de lâcher-prise pour se laisser conduire par l’Esprit Saint.
Et ça facilite les choses quand on doit lâcher des responsabilités, et apprendre à devenir coopérateur, à plus forte raison auxiliaire : on apporte son concours à un travail pastoral initié par une équipe avec le responsable de la paroisse.

Ça facilite les choses quand on prend de l’âge et qu’il faut savoir s’effacer, parce que tenir à tout prix ne prépare pas l’avenir, et que ce qui est conçu par d’autres – même si on aurait pu l’envisager autrement, a le mérite d’exister.
J’aime bien cette réflexion du patriarche Athénagoras que je vous livre :

« Il faut mener la guerre la plus dure qui est la guerre contre soi-même.
Il faut arriver  à se désarmer.
J’ai mené cette guerre pendant des années.
Elle a été terrible, mais je suis désarmé.
Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur.
Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres.
Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses.
J’accueille et je partage.
Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets.
Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs mais bons,
j’accepte sans regrets.
J’ai renoncé au comparatif.
Ce qui est bon, vrai, réel, est toujours pour moi le meilleur.
C’est pourquoi je n’ai plus peur.
Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur.
Si l’on se désarme, si l’on se dépossède,
si l’on s’ouvre au Dieu-Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors,
lui efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible… »

 

 

 

 

 

                                                                                          

 

 

  

SOIRÉE "BALLUCHON DU PÈRE CLAUDE ROIRAND"
CE QUI DEMEURE À TRAVERS TOUT CELA : L'ABANDON